blog.sectionBtnLabel
Le BTP face aux défis de l’élaboration d’un calculateur carbone du réemploi

Le BTP face aux défis de l’élaboration d’un calculateur carbone du réemploi

Dans notre article sur le calculateur carbone du réemploi comme outil clé pour l'économie circulaire du BTP, nous présentions les raisons pour lesquelles l’élaboration de ce compteur est essentielle pour permettre la filière de faire face aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui.

Comment préciser cette estimation pour chaque produit réemployé pour développer un calculateur carbone dédié ?

Comment pallier l'absence de données ?

Enfin, le compteur carbone pourrait-il devenir un outil incitatif clé pour une adoption plus large du réemploi ?

Estimer le coût carbone des produits

Tout d’abord, il s’agit d’évaluer le plus précisément possible l'impact carbone d'un produit. Pour cela, le compteur se réfère aux pourcentages des cycles de vie des produits contenus dans les fiches PEP (Profil Environnemental Produit) et dans les fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES), issues de la base de données INIES. Confectionnées à partir de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) du produit, qui tient en compte l’extraction des matières premières, les transports, l’usage même du produit et sa fin de vie, elles fournissent des informations détaillées sur les impacts environnementaux des matériaux de construction, y compris leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ces données, validées par des organismes certifiés, sont fiables et objectives. Mais cette fiabilité a un coût : l’élaboration de ces fiches est payante et nécessite un grand investissement financier de la part des producteurs. C’est pour cela qu’elles ne sont pas disponibles pour tous les matériaux.

Combler l’absence de données grâce au calculateur

Mais comment estimer le coût carbone en l'absence de données spécifiques ?

En effet, les chiffres peuvent varier d'un matériau à l'autre et tous les produits n’ayant pas de PEP, pour la plupart des matériaux en réemploi, les données d'analyse des produits ne sont pas accessibles, pour deux raisons majeures :

  • Premièrement, l'acquisition de données peut souvent s'avérer coûteuse ; un investissement que tous les acteurs ne sont pas prêts à faire.

  • De plus, les fabricants ont plus de facilité à demander des fiches PEP pour les nouvelles références que pour leur catalogue passé. En plus du coût conséquent, on peut aussi souligner que pour les produits anciens qui n’ont pas forcément fait l’objet d’une éco-conception, le fabricant n’a pas toujours intérêt à demander des fiches PEP qui seraient défavorables à son image de marque.

Combler ces lacunes en se référant à des produits similaires est tout l’enjeu de la formule du calculateur carbone...

Vers une évolution de la réglementation ?

Alors, faut-il rendre la création des PEP obligatoire ? Rien n’est moins sûr.

Il faut prendre en compte que tous les producteurs ne disposent pas des ressources financières nécessaires pour financer des profils environnementaux détaillés pour l'ensemble de leurs produits. Cette obligation, bien qu'écologiquement pertinente, pourrait engendrer des disparités significatives entre les acteurs du marché et ainsi participer à une forme de distorsion de la concurrence. Il est donc crucial de trouver un équilibre entre la promotion de la transparence environnementale et la prise en compte des réalités économiques des différents acteurs de l'industrie.

Quel gain carbone pour le réemploi ?

Au delà de l’estimation du coût carbone de chaque produit, il s’agit de quantifier le "gain carbone" permis par le réemploi, c'est-à-dire la réduction des émissions par rapport à l’achat d’un produit neuf. Les initiatives comme Upcyclea ou Kompotize fournissent pour cela des données précieuses. L'enjeu réside dans la nécessité d'élaborer une méthode de calcul permettant aux utilisateurs de regrouper les résultats provenant ces différents acteurs.

Finalement, bien qu'il soit impossible d'obtenir un chiffre exact, l'objectif est d'établir une référence pour constater les évolutions et les marges de progression.

Les enjeux de l’élaboration d’un calculateur carbone du réemploi

Pour remplir son rôle, le calculateur carbone doit être fiable et refléter le mieux possible la réalité des faits.

Un calcul des émissions carbone objectif

Quelques calculateurs carbone existent aujourd’hui, on pourrait donc questionner la pertinence d’en développer un nouveau. Néanmoins, la plupart sont développés par des entreprises fabricantes et ne permettent pas de transversalité au-delà des matériaux produits par cette dernière. C’est aussi le risque d’une situation de juge et partie pouvant remettre en question la légitimité du calcul. Dans un contexte où les compteurs carbones se multiplient, la faveur sera bien souvent donnée au mieux disant…

La volonté étant de voir s’installer un impact positif tangible et non une escalade à la diminution artificielle de l’impact carbone, il était donc nécessaire pour StockPro de certifier le calculateur par un organisme spécialisé pour éviter la réinterprétation.

La formule élaborée a donc été soumise à plusieurs de ses partenaires fabricants (Sika, Schneider Electric) ainsi qu’à un spécialiste du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) et privilégie une approche carbone universelle.

Finalement, nous sommes conscients que l’environnement législatif évoluera avec le temps. Ce calculateur est un point de départ permettant d’amorcer ce changement de paradigme et de valoriser l'évolution des habitudes des acteurs de ce secteur.

Une solution qui fédère les acteurs de la filières

Pour que le calculateur carbone puisse réellement impacter positivement notre démarche environnementale, il est crucial qu'il suscite un engagement et un soutien unanimes de tous les acteurs au sein de la filière. C’est d’ailleurs pour cela que la formule doit être la plus aboutie possible : son efficacité et sa pertinence sont conditionnées par l'adhésion collective autour de l’outil.

Fabricants, distributeurs et organismes de certification doivent travailler de concert pour intégrer cet outil au cœur de leurs processus et prises de décisions. Cette démarche collaborative permettra de créer une norme commune, de garantir la transparence des informations et de faciliter la comparaison entre les différentes solutions d’approvisionnement.

En fin de compte, le développement d'un calculateur carbone dédié au réemploi pourrait bien représenter un véritable levier pour permettre son adoption à large échelle. À l'instar des applications qui récompensent les utilisateurs en fonction de leur nombre de pas journalier, on pourrait par exemple imaginer un système de récompense basé sur le calcul des économies de carbone réalisées...

Intégrer un tel système de récompense, tant au niveau professionnel qu'individuel, permettrait de réduire l'empreinte environnementale et favoriserait la transition vers une économie bas-carbone. Un enjeu de taille, donc, auquel StockPro compte bien faire face dans les mois à venir !

Vous souhaitez en savoir plus les enjeux et perspectives du réemploi ?

Téléchargez gratuitement notre livre blanc !

Après cinq années d'activité, 100 000 matériaux neufs sauvés de la benne et 13 000 tonnes de CO2 économisées, nous avons souhaité partager nos analyses et réflexions sur les enjeux, perspectives et défis du réemploi pour le BTP.